Chaque pièce de joaillerie commence par une histoire… celle d’une pierre que je prends plaisir à sélectionner avec soin. En tant que gemmologue et créatrice, j’ai un double regard permanent sur ma sélection : la technicité et la beauté des pierres. Cette combinaison m’amène à rechercher les plus belles pierres pour créer des pièces uniques et intemporelles.
Mais comment choisir une pierre d’exception ?
Voici quelques-uns de mes secrets pour dénicher ces trésors qui sublimeront vos bijoux.
La première question à se poser est de savoir si j’ai envie d’un diamant ou d’une pierre de couleur.
Le point d’entrée du choix d’une pierre est l’envie d’un diamant ou d’une pierre de couleur. En effet, ce sont deux marchés totalement distincts :
Une fois que vous avez fait votre choix entre ces deux familles de pierres, le prochain critère de sélection s’articule autour du concept des 4 C, dont vous avez peut-être déjà entendu parler :
Cut (taille, coupe) / Color (couleur) / Clarity (clarté, qualité) / Carat (poids)
Ces critères qui sont utilisés pour grader les diamants peuvent également s’appliquer aux pierres de couleurs, dans les grandes lignes. Pour vous aider à comprendre comment je choisis une pierre, je vais dérouler ce concept.
La couleur
Par exemple, dans la collection Fidji, j’ai sélectionné 14 pierres aux couleurs vibrantes, inspirées des fonds marins du Pacifique. Chaque pierre est soigneusement sélectionnée pour rester au plus proche de la gamme chromatique choisie. Les couleurs sont franches, lumineuses et déclinent le dégradé de l’arc-en-ciel.
J’aime aussi aller chercher des couleurs un peu « off » auxquelles on ne s‘attend pas. Un saphir gris, avec une pointe de vert. Un spinelle rose poudré. Une aigue-marine dont le bleu intense tend vers des vibrations métalliques…
La clarté
Les inclusions naturelles sont comme des empreintes digitales uniques, qui racontent l’histoire de la pierre. Cependant, une pierre trop habitée (avec trop d’inclusions) peut perdre de son éclat. C’est pourquoi je privilégie des pierres équilibrées, où la pureté permet une belle diffusion de la lumière. Dans l’idéal, les inclusions ne doivent pas remonter à la surface de la pierre, au risque de la fragiliser. Il y a enfin des variétés de pierres qui présentent plus d’inclusions que d’autres, cela est dû aux différentes compositions des roches, mais aussi aux conditions dans lesquelles les pierres « naissent ».
Certaines personnes, les collectionneurs essentiellement, recherchent même parfois des types d’inclusions spécifiques, car elles peuvent être très rares et typiques de certaines provenances. Par exemple, un grenat démantoïde dans lequel on retrouvera une inclusion « queue de cheval » permettra de déterminer l’origine Russe de cette pierre très recherchée.
Le carat (le poids)
Le carat est l’unité de mesure des pierres : 1 carat = 0,20 gramme. Bien que la taille soit un critère déterminant, une pierre bien proportionnée et lumineuse primera toujours sur une pierre concurrente qui serait plus grande, mais moins éclatante. La taille, dont je vous parlerai juste après, aura aussi un impact sur le poids. En considérant deux pierres du même poids, l’une pourrait paraître plus grosse que l’autre, car la répartition du poids ne serait pas similaire. L’une aurait par exemple une culasse (le verso de la pierre) plus importante, alors que l’autre aurait un diamètre plus grand, et donc une meilleure répartition de la masse.
Exemple parmi mes créations : Avec la bague Positano, j’ai voulu jouer sur un équilibre entre volume et légèreté, en choisissant une pierre de centre importante tout en restant harmonieuse au doigt.
La taille (cut)
La taille est l’art et la manière dont une pierre a été travaillée pour en faire ressortir toute sa splendeur. Une taille parfaite laissera passer la lumière et sublimera ainsi la pierre. Cela peut néanmoins se faire au détriment du poids qui pourrait s’en retrouver diminué. On peut globalement distinguer deux tailles différentes : les pierres facettées ou les cabochons. Dans le choix d’une gemme facettée, l’art de la taille est vraiment un élément majeur pour la sublimer. Les angles d’inclinaisons choisis pour organiser les facettes ainsi que leur nombre, donneront la touche finale à la pierre pour obtenir le charme que je recherche. Parfois, mon cœur balance pour une couleur absolument incroyable mais la taille n’est pas optimisée et je mise sur le fait qu’elle pourrait l’être. J’arbitre alors, en fonction de différents facteurs, pour faire retailler la pierre par des artisans lapidaires – et la magie opère !
La bague Yukon à l’inverse est un bon exemple de la forme cabochon, une taille qui met en valeur la douceur naturelle des gemmes. Contrairement aux facettes qui réfléchissent la lumière de manière éclatante, le cabochon offre une surface lisse et bombée, révélant la profondeur et la texture de la pierre.
Chaque pierre a finalement sa propre personnalité. Au-delà de ses caractéristiques techniques, ce que je recherche avant tout, c’est une émotion. Une pierre doit vibrer, raconter une histoire et s’accorder à la personne qui la portera. Certaines pierres présentent des teintes naturelles exceptionnelles, dues à la présence d’éléments chimiques rares dans leur structure. On pourrait citer, par exemple, la teinte unique de la tourmaline Paraiba du Brésil*, dont la couleur résulte d’une association de manganèse, de cuivre et de vanadium.
Je prends aussi en compte le traitement des pierres. De nombreuses pierres sur le marché subissent des traitements pour améliorer leur couleur ou leur pureté. On parle de différentes intensités de traitements dont certains sont communs et tolérés – pour autant qu’ils soient mentionnés à l’acheteur. Il faut savoir que 95 % des saphirs du marché sont chauffés et que les émeraudes non huilées sont extrêmement rares.
*Les différents types de traitements pourraient-ils faire un nouveau sujet d’article ?!
J’essaie de privilégier des pierres naturelles autant que possible, mais une pierre chauffée ne sera pas moins belle d’apparence ! Il y a aussi parfois une réalité face aux différents budgets que je dois respecter. La cote des pierres non chauffées étant forcément plus importante.
Une fois que vous avez en tête les facteurs « techniques » évoqués ci-dessus, il est essentiel de prendre en compte votre mode de vie et votre environnement. Voici quelques conseils que j’applique toujours pour vous aider à trouver la pierre qui vous correspond vraiment.
Adaptez votre choix à votre quotidien !
Certaines pierres sont plus résistantes que d’autres. Référez-vous à l’échelle de dureté de Mohs qui classe les pierres selon leur résistance aux rayures. Si vous portez vos bijoux tous les jours, le diamant ou le saphir sont des options idéales. À l’inverse, comme vous le savez peut-être, une émeraude, plus fragile, demandera plus de précautions pour éviter les chocs.
Si vous avez une vie active et souhaitez un bijou du quotidien, privilégiez des pierres avec une dureté d’au moins 7 sur 10, comme les spinelles, topazes ou tourmalines, qui résistent mieux aux chocs et aux frottements. Pour autant, même en favorisant ce type de pierre, nous ne sommes pas à l’abri de chocs ou de casse.
Faites confiance à votre intuition : Une pierre, ce n’est pas qu’une question de technique, c’est aussi et surtout une histoire, une émotion. Certaines pierres vous attireront instinctivement par leur éclat, leur couleur ou même ce qu’elles évoquent en vous. Laissez-vous guider par cette petite voix.
Alice.
